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Rossy de Palma © FDC - T. Delange

RENCONTRE – Rossy de Palma “Je préfère me concentrer sur la beauté des choses”

La pétillante Rossy de Palma représente l’Espagne dans le Jury des longs métrages de la 68e édition du Festival de Cannes. Rencontre avec une belle personne.

Vous faites partie du Jury de cette édition du Festival de Cannes. Quel regard portez-vous sur les films de la Compétition, celui de l’actrice, de la compositrice ou de la chanteuse ?
Plus de spectatrice. Je dis toujours que le film n’est pas terminé tant que le spectateur n’y apporte pas son regard. Et même si on a du métier, quand on voit un film, on est spectateur et on se laisse porter par l’histoire. C’est une histoire de cœur, de feeling, de jeu qui galvanise, qui prend et qui kidnappe.

Avez-vous un style filmographique de prédilection ?
Dans le cadre de la Compétition, il y a tellement de films géniaux que ça va être difficile au niveau du choix. Il faut considérer chaque film comme une œuvre d’art. J’aime beaucoup les docu-fiction, le cinéma social, celui des sentiments qui touche et qui émeut : mon problème, c’est que j’aime presque tout ! Je préfère me concentrer sur la beauté des choses que sur les choses que j’aime moins.

Vous êtes au casting du prochain long métrage de Pedro Almodovar et votre dernière collaboration remonte aux Etreintes Brisées en 2009. Cela vous a manqué ?
Le tournage commence aujourd’hui ! Mon cœur est avec toute l’équipe parce que c’est une journée importante pour eux. On tourne à Madrid, en Galice, en Aragon et un peu à Huelva. Pedro, c’est comme les amoureux, on aime que l’invitation à diner vienne de l’autre, alors j’aime bien que ce soit spontané et que ça vienne de lui. Pour Volver, quand ils ont donné le prix à tous les comédiens en 2006, j’étais à Madrid et j’ai pleuré. Je n’ai pas cette vanité de devoir être dans un film de Pedro. Si ça ne vient pas naturellement, ça ne m’intéresse pas. Je lui laisse sa liberté créative car c’est une personne instinctive et si un rôle ne lui vient pas, il ne lui vient pas ! Je suis très contente du rôle qu’il m’a proposé.

Pouvez-vous nous en parler ?
Je commence en juin. J’incarne une femme antipathique et austère, une paysanne originaire de Galice. Nous allons tourner dans le magnifique village de pêcheurs de Muxía. C’est un mélodrame sur la fatalité et mon personnage, un peu fermé, n’est pas du tout comique. Almodovar voulait que je change de registre. Il me connait bien, on s’entend très bien, j’ai toujours travaillé avec lui avec beaucoup de plaisir et sans tensions. Parfois il impressionne beaucoup le comédien mais moi je suis une matière très élastique, je fais tout ce qu’il me dit, je comprends très vite ce qu’il veut alors c’est un vrai plaisir de travailler avec lui !

Pour autant, je ne suis pas comme un perroquet, j’adore faire des propositions aux réalisateurs, après ils « achètent » ou pas comme on dit en langage de théâtre ! Par exemple Patrice Leconte m’a donné beaucoup de liberté.

Avez-vous une façon de jouer ou de vous comporter différente selon que vous tournez en français ou en espagnol ?
Non pas vraiment, je suis une comédienne assez énergétique, assez organique finalement. Je travaille de façon très instinctive. J’aime quand il n’y a pas de stratégie, m’oublier derrière le rôle pour qu’il apparaisse comme une sorte de possession. D’ailleurs je m’étonne de voir que dans certains films je fais des gestes sans m’en rendre compte. Dans Une heure de tranquillité par exemple, je croise les bras sur ma poitrine et, en visionnant le film, je me suis demandé : « comment m’est venue l’idée de mettre mes mains comme ça » ? On prête sa voix et son corps au personnage. La langue ne bloque pas mon jeu. Ce qui me bloque parfois c’est plus le fait de devoir porter un micro pendant les prises. Je n’aime pas trop parce que ça me rappelle que je suis une comédienne qui joue un rôle. De même que les contraintes de doublage en post synchro  qui peuvent bloquer la spontanéité.

Quoiqu’il se passe, je m’en sors grâce à l’art et à la poésie. L’art aide vraiment à la résilience, à soigner les blessures de la vie. Tant que tu es curieux tu ne vieillis pas !

La movida, c’est fini ?
La movida est toujours en nous !

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