RENCONTRE – Sophie Marceau “J’ai une culture française, mais les films ont un langage universel”
Sophie Marceau occupe une place à part dans le cœur des français. Pour cette 68e édition du Festival de Cannes, on la retrouve membre du Jury international des Longs métrages. Un rôle que l’actrice, qui a déjà présenté trois films en tant qu’interprète, et un autre en tant que réalisatrice, accueille avec entrain. Entretien.
Cette année, vous êtes du côté de ceux qui attribuent les prix.
Quel regard portez-vous sur les films ? Celui de l’actrice ou de la spectatrice ?
Spectatrice, vraiment. J’aime voir le film pour le metteur en scène, pour une affiche, pour les acteurs et j’aime me laisser surprendre, décrypter les choses avec un œil professionnel. En France, on a un public très sophistiqué qui va voir tellement de films et de genres différents. Je vois bien qu’aux projections de 8h30 du matin il y a un monde fou, ce sont des gens qui parlent de cinéma, qui pourraient tout aussi bien être jurés. D’ailleurs je trouve ça génial que dans les membres du Jury, il y ait une personne qui ne vienne pas du milieu du cinéma.
Dans ce Jury international, quelle spécificité apporte votre regard français ?
J’ai une culture française mais il y a un langage universel. Un film, c’est une culture ou une histoire à lui tout seul. On a tous une culture et un pays en soi mais je pense que les gens qui sont investis dans le cinéma ont tous ce langage universel. Je suis capable d’apprécier un film français au même titre qu’un film américain.
En tant que spectatrice, quel type de film vous touche ?
Je suis grand public, comme pour la musique. J’aime vraiment tous les genres, du film d’action au film surréaliste en passant par le film d’auteur ou la comédie. J’aime autant George Miller, son Mad Max très fun et sa dinguerie, qu’Arnaud Desplechin et Olivier Assayas.
Y a t-il un métier que vous n’avez-vous pas exercé à l’écran, un personnage que vous aimeriez incarner ?
Oui, flic ou voyoute ! J’ai fait pas mal de films historiques, j’adore ça et ça me manque mais en réalité, ce sont les visions des metteurs en scène qui m’importent.
On en vient toujours à vous parler de La Boum mais vous, quel film de votre carrière aimeriez-vous défendre ?
J’ai beaucoup de mal à m’analyser, à me regarder. Sur les tournages, parfois ça se passe super bien, parfois on a l’impression de progresser, et, à chaque fois, c’est beaucoup d’écoute du metteur en scène, c’est ça qui m’importe. Que ce soient trois, cinq ou seize semaines de tournage, chaque film a représenté un morceau de vie que j’essaie de chérir autant que je peux. Je les défends tous avec la même vigueur, il y a des personnages que j’aime plus que d’autres, parce qu’ils sont issus de livres magnifiques comme Anna Karénine, ou La Fidélité, qui est un peu le versant positif d’Anna Karénine. Il y a des rôles qui m’ont marquée, comme pour le film que je viens de tourner en prison.
Vous dites aimer les ambiances de tournage sereines…
Sereines mais pas ennuyeuses ! J’aime regarder les autres travailler, un ouvrier poser un papier peint, un boulanger faire son pain, etc. J’adore ça. Dans le cinéma, il y a plein de métiers. Quand je dis sereine, je parle plus d’une ambiance de concentration, de travail, avec tout ce que ça comporte de tensions, de fous-rires, de stress. L’important c’est d’enlever ce qui est superflu et de garder l’essentiel.
Quels sont vos meilleurs souvenirs du Festival ?
Je suis en train d’en vivre un ! Je venais toujours deux ou trois jours, souvent sans avoir de film présenté, donc c’était un peu violent parfois. Et là c’est génial, je m’éclate. J’aime me lever le matin pour voir des films, découvrir des choses que je ne connais pas. J’en vois deux à trois par jour et c’est excitant ! La seule chose qui me manque, c’est la lumière, sinon j’en verrais encore plus !